Cérémonie du thé… ou du café
Vous est-il déjà arrivé de préparer votre thé – ou votre café – sans y prêter la moindre attention ? Que celui qui ne s’y est jamais laissé prendre lève la main… personnellement, je dois avouer que l’acte préparatoire du café – se résumant essentiellement à allumer la cafetière, ajouter le grain moulu, et presser sur « ON » – ou du thé – enclencher la bouilloire et verser l’eau sur un sachet de thé – me passe bien souvent par-dessus la tête. Perdue dans mes pensées, dans le flot incessant des tâches à effectuer, j’agis machinalement. Seul l’objectif final – obtenir une tasse de boisson chaude – reste bien présent dans mon esprit. Et bien souvent, j’avale ledit liquide sans même y accorder une pensée. Cela vous rappelle quelque chose, ou quelqu’un ?
Soit, j’agis en automate. Mais pas tout le temps – fort heureusement d’ailleurs. Pourtant, introduire plus de moments de pleine conscience est essentiel dans notre quotidien ; vivre l’instant présent, je ne vous apprends rien, est essentiel. Tout simplement parce que le présent est la seule chose concrète qu’il nous est possible d’appréhender : le passé est déjà loin derrière nous, le futur gît quelque part dans un avenir encore trop flou. Alors, ce café, me direz-vous ? Il arrive, patience !
Ce matin donc, je mourrais d’envie d’une bonne tasse de thé – vers 10h30, it’s tea time, bien sûr ! – et pour une fois, j’en ai profité pour vraiment préparer mon thé… J’ai donc commencé par choisir avec soin ma tasse. Grande occasion oblige, je suis allée me fournir dans le service en porcelaine, celui que je ne sors jamais par peur de briser l’une de ses pièces. Faisons fi de ces restrictions ! Je sélectionnai donc une tasse ornée de motifs floraux, petites roses délicatement peintes sur fond blanc orné d’un filet d’or. Le choix du thé, ensuite. Délibérations. Tisane à l’hibiscus, cela sera. Ouverture du sachet, une douce odeur florale s’en échappe. Je m’interroge sur l’origine de ces fleurs ; où ont-elles été cueillies, et par qui ? Quel jour de la semaine était-ce, faisait-il chaud, sec, humide ? J’insère les pétales séchés dans la théière aux motifs colorés. L’eau frémit dans la bouilloire, son chant m’enchante déjà, promesse de délices à venir. Clac ! Vapeurs dans ma cuisine. Je laisse l’eau refroidir quelques instants avant de la verser délicatement dans l’antre de la théière. Cette dernière ne bronche pas, ravie elle aussi de sortir des pénombres de mes armoires. L’attente est presque un supplice ; tel un chat devant un bol de lait, je me pourlèche les babines. Je verse avec précaution un fin filet d’infusion dans son réceptacle. Le bonheur a la couleur rouge des cerises écrasées ; première gorgée… il a également le goût de l’été.