Du thé pour les fantômes – Avis lecture

Oui, je sais… Halloween, c’est déjà du passé ! Pourtant… l’envie de rester dans cette ambiance aux parfums de mystère est toujours bien présente chez moi. Et comme je ne peux nier le fait que mes lectures suivent le gré de mes envies… elles se retrouvent teintées de cette aura on ne peut plus fantomatique ! Voilà donc que je viens d’achever ce qui restera un vrai coup de cœur livresque ; le dernier roman de Chris Vuklisevic, Du thé pour les fantômes !

Petite note toutefois : si vous n’appréciez pas le réalisme magique, ce livre risque de ne pas être votre tasse de thé… Mais, attendez ! Le réalisme magique, quèsaco ? Je m’explique – promis, sans m’étendre sur le sujet ! Le dictionnaire Larousse présente le réalisme magique comme suit : notion apparue en 1925, aujourd’hui revendiquée par des écrivains de tous horizons, elle puise ses origines au sein d’écrits d’auteurs hispano-américains. Le réalisme magique engloberait une volonté de ces auteurs de se détacher du réel afin de faire émerger le merveilleux déjà présent au sein des choses qui nous entourent. Pour l’exprimer autrement, le réalisme magique présente des textes qui, s’ils prennent place dans le monde tel que nous le connaissons, comportent toutefois des éléments qui sortent de l’ordinaire. Une touche de fantastique et de magie au sein de notre quotidien, en quelque sorte… Cent Ans de solitude, de Gabriel Garcia Marquez, est un exemple phare du genre.

L’idée vous plaît toujours ? Parfait ! Continuons donc… Du thé pour les fantômes nous présente deux sœurs jumelles, Agonie et Félicité. Née d’une mère des plus étranges, l’énigmatique Carmine, et d’un père berger défunt, les deux sœurs sont on ne peut plus opposées l’une à l’autre. Si Félicité est adulée par sa mère et possède la capacité de voir les fantômes, Agonie, elle, est rejetée par sa génitrice et finit par devenir sorcière. Les deux sœurs ne se sont plus parlé depuis trente longues années, lorsque la mort de leur mère vient bouleverser le fragile équilibre de leurs existences. Carmine, en mourant, a tenté de passer un message à Félicité ; or, la mort a frappé trop tôt… son fantôme erre à présent, et il revient aux deux sœurs de le retrouver. Cela, non seulement afin de percer le mystère de ces dernières paroles arrachées à leur propriétaire, et surtout, pour permettre à Carmine de passer vers la lumière.

Dans ce roman aux pages teintées de magie, les fantômes boivent du thé, les hommes peuvent être amenés à dire la vérité suite à l’absorption de certaines infusions, et les sorcières crachent des papillons destructeurs. Félicité et Carmine partent en voyage, depuis leur Provence natale jusqu’au désert espagnol ; et c’est durant leur périple que le silence, la haine et le ressentiment se voient brisés et réduits à néant.

La prose est vive, et m’a fait penser à un chat jouant avec une souris. Les mots colorés dansent sur la page, et nous emmènent nous aussi au gré de leurs aventures. Un ballet parfois délirant que j’ai adoré suivre ! Félicité et Agonie, par-delà leurs différences, nous rappellent aussi le pouvoir de la compréhension et la force du pardon.

Je finirai cette chronique par une petite infusion tout droit tirée de la « vallée des Merveilles », spécialement préparé par Félicité… il fait un peu frisquet, aujourd’hui, vous ne trouvez pas ?

Du thé pour les fantômes, par Chris Vuklisevic. Éditions Denoël.

https://www.larousse.fr/encyclopedie/litterature/r%C3%A9alisme_magique/

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